Passer de l’échec à l’amour qui dure

Passer de l’échec à l’amour qui dure

Succession d’échecs amoureux, relations qui se ressemblent, frustrations permanentes, l’envie peut être tentante de parler de coup du sort. Pourtant, se poser la bonne question peut permettre de transformer sa vie sentimentale et de construire un couple stable.


Les personnes que j’accompagne sont de tous milieux sociaux, de tous âges, de toutes cultures. Et quand elles rencontrent des difficultés dans leurs relations amoureuses, ce sont au final les mêmes paroles que j’entends :

  • il/elle me fait des reproches en permanence
  • il/elle ne m’accorde pas assez de temps
  • il/elle ne me respecte pas
  • et le pire : il/elle ne me rend pas heureux/heureuse

Cette croyance selon laquelle notre relation est la voie d’accès au bonheur. Que cette personne qui se trouve à nos côtés se doit de nous apporter le bonheur. C’est là que se trouve une des principales causes d’échecs de nos histoires amoureuses.

Bloqué au stade de l’enfance

Lorsque nous naissons, et pendant de longues années, nous sommes des êtres totalement dépendants. Nos parents, lorsqu’ils assument correctement cette fonction, sont les personnes chargées de répondre à nos besoins (et je ne parle pas de désirs, mais bel-et-bien de besoins), qu’ils soient affectifs, matériels, psychologiques…

Ce fonctionnement n’est pas destiné à durer. Nous devons à un moment ou un autre nous autonomiser et, si notre environnement émotionnel nous l’a permis, devenir des êtres capables de combler nos propres besoins.

Cela ne signifie pas ne plus avoir besoin de qui que ce soit, car le lien à l’autre est une nécessité, mais ne pas compter sur les autres pour assouvir des choses que nous sommes sensés nous apporter par nous-mêmes.

Or, beaucoup de personnes restent dans cet état enfantin : elles attendent de leur partenaire qu’il satisfasse leurs besoins, qu’il les comblent, qu’il leur apportent sur un plateau une forme de satisfaction permanente, leur permettant ainsi de ne jamais devenir adultes et de se complaire dans un rôle d’assisté.

Alors la plupart du temps, lorsqu’elles ne parviennent pas à obtenir de l’autre ce qu’elles veulent, ce qu’elles considèrent comme un dû, elles vont saboter leur histoire, se remettre le plus vite possible dans une autre histoire qui, tôt ou tard, leur apportera les mêmes insatisfactions car le problème n’est pas tant les personnes qu’elles attirent, mais plutôt le fait que par leur immaturité affective, elles ne considèrent pas l’autre comme un alter-ego, mais comme un être devant jouer le rôle de parent de substitution et les combler.

Et si ce n’est pas le cas, cet autre sera considéré comme la source de tous leurs malheurs.

Etude de cas

J’ai eu l’opportunité d’accompagner un couple en Nouvelle-Zélande, où je réside. Ici, un divorce ne peut être prononcé qu’après deux ans de séparation effective. Ce couple est donc venu à moi très récemment, sur les recommandations d’une personne que je connais, afin de voir s’il existait une issue heureuse à leur histoire ou si elle était bel-et-bien terminée.

Leurs difficultés étaient somme toute assez banales : lui ne me parlait que des reproches incessants de sa compagne, du manque de désir, du sentiment de ne pas trouver sa place d’homme. Mais d’un autre côté il était aussi capable de parler d’elle en des termes élogieux : courageuse, loyale, intelligente, belle, fidèle, bonne mère.

Sa femme lui reprochait son manque d’investissement dans la relation, ses sorties chaque semaine sans elle, son manque de participation aux tâches ménagères. Mais elle aussi reconnaissait en lui des qualités certaines : intelligence, humour, stabilité…

Deux personnes qui se décrivent mutuellement avec des qualités que l’on pourrait considérer comme celles du partenaire idéal, mais qui pourtant veulent se séparer.

Ce qui m’a choquée dans ce couple c’est que, autant la femme souhaitait réellement sauver son histoire, comprendre, s’améliorer ; autant j’avais face à moi un homme presque froid, qui avait décidé que son épouse n’était pas la « bonne », qu’elle ne le rendait pas heureux, et qu’il trouverait ce bonheur certainement auprès d’une autre personne.

En fait, j’avais face à moi un enfant préférant se séparer de son jouet qui ne lui apporte plus satisfaction.

Lorsque j’ai demandé à cet homme comment il prenait soin de sa femme, il s’est contenté de me dire : « je suis là tous les jours avec elle ». D’après lui, sa seule présence était une participation suffisante à sa vie de couple.

Mais quand je lui ai demandé de changer de perspective, et de se mettre vraiment à la place de sa femme ; de s’imaginer seul à la maison à gérer les tâches du quotidien ; seul à la maison lorsque l’autre partage des moments de plaisir à l’extérieur du couple alors même qu’il les refuse dans le couple ; de s’imaginer face à un partenaire qui ne fait rien pour rallumer le désir, surprendre, égayer le quotidien par de petites attentions, il m’a dit qu’à la place de sa femme il se sentirait « minable ».

Et c’est justement parce que sa femme se sentait minable, inexistante à ses yeux, qu’elle lui faisait tous ces reproches, car en fait elle réclamait son attention et, ne l’obtenant pas par la douceur, elle ne pouvait exprimer sa frustration que par les cris, les reproches, les crises et les pleurs.

Je lui ai alors posé cette question, que je vous invite à vous poser si vous vivez une situation similaire : qu’ai-je vraiment à apporter à une autre personne ?

Le couple est un partenariat reposant sur deux volontés

Je dis souvent que le couple est l’espace dans lequel deux personnes se donnent et s’investissent pour faire sortir le meilleur de chacune d’elles, et donc le meilleur de leur histoire.

Cela signifie qu’on est sensé entrer dans une histoire non pas pour se combler soi, pour être guidé, couvé, accompagné. Non pas dans la volonté de trouver la personne la moins « prise de tête » possible, celle qui ne nous confrontera jamais à nos comportements, à nos mauvaises habitudes, ce qu’il nous faudrait améliorer ; mais plutôt dans la volonté de partager.

Partager signifie que l’on est responsable à 50% de l’avenir de son couple.

Qu’avant de demander de l’amour, il faut en donner. Avant d’attendre de l’autre qu’il nous surprenne, il faut le surprendre. Avant d’attendre de l’autre qu’il nous donne envie de lui, il faut nous-même faire tout ce qui est nécessaire pour entretenir le désir. Si vous n’avez plus envie de faire l’amour avec une personne que vous avez désirée par le passé, que faites-vous concrètement pour retrouver et redonner l’envie ? Quels jeux/moments privilégiés organisez-vous pour raviver la flamme ?

Et toutes ces illusions dans lesquelles se bercent beaucoup de personnes vont les mener à répéter sans cesse les mêmes échecs sentimentaux. Parce qu’à aucun moment elles ne vont se responsabiliser face à leur vie amoureuse et s’en rendre participatives.

Elles suivent, attendent d’être sollicitées, prises en charge comme des enfants. Mais a-t-on vraiment envie de construire sa vie avec un enfant ? Ce peut être charmant au début, mais sur la longueur, ça use.

Le couple est à mon sens le plus beau, mais aussi le plus difficile des partenariats. Il requiert des remises en question permanentes, des compromis, des efforts, de l’ouverture. A chaque moment il a besoin d’être réinventé, nourri, entretenu comme un jardin. Je ne crois pas au fait que l’on puisse du jour-au-lendemain ne plus aimer une personne. Mais plutôt qu’une succession de preuves de désamour et de désinvestissement, de l’un ou des deux des partenaires, va venir tarir la source d’amour du coeur de l’autre partenaire à son égard.

La valeur du couple dépend de ce que l’on y met

J’ai déjà parlé de la nécessité de se poser certaines questions avant d’entrer en relation, de faire un point sur soi. Et il est fondamental de se demander, par respect pour soi mais aussi pour notre futur partenaire amoureux, ce que l’on est prêt à donner, de quelle manière on peut embellir sa vie à lui.

Si vous n’entrez dans une histoire que pour recevoir, soyez certain qu’elle périra tôt ou tard. Ou que vous allez attirer à vous des personnes émotionnellement instables également, donc dans les deux cas cela vous mènera à une déception.

J’ai accompagné une femme d’une cinquantaine d’années, désespérée d’être seule à son âge. Elle m’expliquait chercher un homme ayant une bonne situation, généreux et qui la gâterait, quelqu’un avec qui elle pourrait voyager, s’épanouir, se sentir en sécurité.

En fait, elle ne recherchait pas un partenaire amoureux. Elle recherchait une personne qui pourrait l’aider à embellir sa vie, lui apporter un confort. Or, comment peut-on souhaiter attirer à soi une personne pure de coeur, lorsque l’on recherche en fait un être capable de nous apporter des choses que l’on n’est pas capable d’obtenir soi-même ? Encore un exemple d’une envie d’être pris en charge.

Participer à un couple, ce n’est pas seulement être là. Tant de personnes vivent, mangent et dorment ensemble chaque jour sans que rien de vraiment profond ne soit construit entre elles.

La participation, c’est comprendre que le couple ne s’entretient pas de lui-même, ni par les seuls efforts de l’autre. Si vous êtes frustré dans votre histoire, vous en êtes à un niveau ou à un autre pleinement responsable.

Vers l’amour vrai

Ce qui est magnifique, c’est que l’on peut tous changer. Mais que tout changement ne passe que par l’acceptation de prendre la responsabilité de ce qui nous arrive.

Que vous ayez fait les mauvais choix par le passé, ou même que vous réalisiez que votre histoire actuelle ne fonctionne pas comme vous l’aimeriez parce que vous n’y êtes pas entré pour les bonnes raisons, ne signifie pas que vous êtes condamné à vivre la même chose demain.

Commencez par prendre conscience de vos qualités. Par noter les attentes que vous faites peser sur l’autre afin d’être au clair sur les schémas que vous entretenez.

Et ensuite ? Apprenez à donner sans attendre. A donner le meilleur de ce que vous avez, juste pour le plaisir de voir l’autre sourire. Si votre conjoint vous reproche votre manque d’investissement, donnez-lui ce qu’il demande, donnez-lui du temps, de l’amour, de la présence, du rire, du plaisir. Si vous ne changez pas votre attitude, votre situation ne changera pas non plus.

La « bonne » personne pour vous ne sera pas celle qui ira toujours dans votre sens, qui vous rassurera, qui vous apportera tout ce que vous souhaitez. C’est celle qui, au contraire, vous dira la vérité car elle sera suffisamment bienveillante et aimante envers vous pour ne pas chercher à vous mentir et qui voudra vous voir vous élever et devenir la meilleure version de vous-même.

Vous pouvez choisir de passer de relation en relation, de perpétuer cette recherche de la facilité. Mais n’oubliez pas que vous seul avez la capacité de vous combler.

Alors, êtes-vous prêt pour l’amour vrai, celui qui dure ?