La dépendance affective

La dépendance affective

La dépendance affective est le besoin de se sentir exister au travers du regard de l’autre. D’une construction émotionnelle bancale et n’ayant pas développé suffisamment d’estime d’elle-même, la personne qui en souffre s’accroche à tout ce qui lui semble représenter de l’amour.


Depuis que je guéris les âmes et que j’ai commencé à vous accompagner au travers des ressources que je publie sur ce site, une des problématiques les plus récurrentes que je rencontre chez mes consultants est celle de la dépendance affective.

J’avais abordé le sujet au sein de ma série sur la blessure d’abandon, et aujourd’hui je souhaite aller encore un peu plus loin afin de vous permettre, peut-être, de prendre conscience de schémas dans lesquels vous persistez et qui nuisent grandement à votre capacité à vous construire une existence épanouissante et autonome.

Qu’est-ce que la dépendance affective ?

Il me semble important de vous préciser qu’aimer et vouloir être aimé est normal. L’Etre humain a besoin de liens, d’intéractions, de sentiments, et c’est ce qui fait de nous bien plus que de simples êtres de chair et de sang.

Je souris souvent en écoutant des interviews ou en lisant des articles sur certaines personnes, souvent des femmes, qui s’érigent en « femmes fortes » et crient haut et fort qu’elles n’ont besoin de personne. Mais quelle illusion, quel mensonge !

Bien sûr que nous avons besoin les uns-des-autres, et que l’amour est ce qui nous maintient en vie. Nous sommes le fruit de l’amour, nous l’incarnons par cette âme que nous véhiculons, et c’est lui qui nous donne la force de continuer, d’avancer sur notre chemin de vie même dans les moments de tempête.

Mais il y a une différence entre nos besoins affectifs primaires (dont l’amour fait partie, ce qui est donc normal), et ceux induits par la dépendance affective où il n’est en fait plus question d’amour mais de légitimité d’être.

Je ne sais pas que j’existe

La problématique principale du dépendant affectif est qu’il se cherche une existence car sa construction émotionnelle ne lui a pas permis de se trouver une quelconque valeur, ou « utilité » comme me l’a dit un jour une de mes consultantes en grande soufrance.

Les causes peuvent être un parent mal aimant ou qui a donné à son enfant le sentiment de ne pas être important, de ne pas avoir de place ; un parent tout-puissant qui aura instauré avec son enfant un jeu de punition-récompense (si tu te comportes comme je le souhaite je t’aime, sinon je te renvoie du désamour) qui va créer chez l’enfant la croyance selon laquelle il n’a pas de valeur en-dehors des actes qu’il peut réaliser pour plaire aux autres, seule façon pour lui d’être aimé ; un parent qui entre et sort de la vie de son enfant à loisir, le tenant ainsi dans une tension émotionnelle perpétuelle ; un enfant souvent déstabilisé dans ses repères affectifs et donc habitué à « grapiller » des moments d’amour quand ils se présentent.

C’est plus rare mais certains dépendants affectifs ont au contraire été très aimés par leurs parents mais se sont construits avec la croyance de devoir faire de l’extraordinaire, redoubler d’efforts pour être remarqués, donc aimés. J’ai souvent vu ça dans des familles nombreuses ou chez des jumeaux/triplés, lorsque l’enfant a eu du mal à trouver sa place car sa personnalité n’était pas assez forte face à celles de ses frères et soeurs, plus affirmées.

En bref, tout ce qui nuit au sentiment de sécurité émotionnelle de l’enfant peut le plonger dans la dépendance affective.

N’ayant pas été valorisé dans son enfance à cause de cette tendance à attendre voire à quémander perpétuellement des signes d’amour, l’adulte dépendant affectif va donc s’accrocher à toute personne/situation dans laquelle il aura l’impression de recevoir un peu d’attention, d’attirer le regard, car en fait dans son fonctionnement le « n’importe quoi » vaut mieux que le « rien ».

L’adulte dépendant affectif ne trouve sa raison de vivre, son sentiment d’existence, qu’au travers du regard que l’autre porte sur lui. Plus ce regard sera bienveillant et plus il se sentira vivre, alors que le vide ou la solitude le confrontent directement à ses propres angoisses et au fait qu’il n’a pas appris à s’aimer pour ce qu’il est, à reconnaître une quelconque valeur en lui.

Reconnaître le dépendant affectif

Il y a à mon sens plusieurs stades dans la dépendance affective.

Les personnes les plus en souffrance seront capables de prononcer des phrases du type « je ne peux pas vivre sans toi », « je ne vaux rien sans toi » et de faire tous les sacrifices même les plus fous (s’éloigner de leurs enfants, de leurs ambitions professionnelles, se couper de leurs amis, adopter un style vestimentaire ou de vie qui ne leur correspond pas ou encore des pratiques sexuelles qui ne leur plaisent pas…) pour plaire à l’autre, le garder à tout prix dans leur vie (encore une fois, tout est mieux que le vide).

Mais sans aller jusqu’à ces cas extrêmes, la dépendance affective se révèle par tout un tas de tactiques d’évitement de soi : enchaîner les histoires sentimentales pour ne pas se retrouver seul (besoin de se raccrocher à une liane quoi qu’il arrive) ; adopter le mode de vie de son partenaire même s’il ne nous correspond pas, simplement pour lui faire plaisir ; renoncer à des principes importants pour soi pour ne pas faire fuir l’autre ; être extrêmement serviable/présent/ accompagnant dans une relation toute récente pour dire inconsciemment à l’autre « regarde comme je suis là pour toi, tu reconnais que je suis important ? »…

Dans la dépendance affective, l’autre est inconsciemment considéré comme un totem, un gri-gri auquel on attribue diverses propriétés, comme celle de calmant émotionnel auquel on s’accroche pour oublier le reste. Et si en plus ce calmant s’avère être particulièrement efficace (une personne douce et gentille ou même tout aussi dépendante), le dépendant affectif peut donc se persuader qu’il a rencontré la bonne personne quelles que soient les circonstances, et ce jusqu’à la prochaine crise existentielle (lorsque avec le temps, le dépendant affectif aura réalisé que l’autre ne comble finalement pas tous ses besoins).

L’adoption d’une fausse identité

Le problème de la dépendance affective est qu’elle entretient une dynamique de mensonge, envers soi mais aussi envers l’autre.

Le dépendant affectif a besoin qu’on lui renvoie une bonne image de lui pour se sentir vivant, donc il va également prendre soin de donner la meilleure image possible de lui-même pour s’assurer de convenir à l’autre : il évitera de parler de ce qu’il ressent profondément, de ses angoisses, de ses peurs, de tout ce qui pourrait à son sens faire fuir l’autre.

Lorsqu’il est dans le déni, il va s’attacher aux situations les plus faciles et à fuir les relations qu’il juge être les plus difficiles (quand il rencontre une personne qui ne cherche pas à le rassurer mais plutôt à l’amener vers l’autonomie), car il ne cherche pas à se guérir, mais à se combler, et il ne supporte pas qu’on lui renvoie ce qu’il déteste déjà tant en lui.

C’est donc une personne qui a tendance à se mouler, à s’adapter à son interlocuteur, à l’imiter sur certains comportements, pour recevoir une gratification émotionnelle.

Mais comment construire un lien authentique avec l’autre, lorsque l’on ne parvient pas à en construire avec soi ?

En fait, de manière inconsciente son attitude ne permet aucune entrée en intimité avec l’autre.

Intimité se dit « intimacy » en anglais. En langage des oiseaux nous dirions « into me see ». Ce qui signifie « voir en moi ».

Et il n’y a que lorsqu’on laisse l’autre voir en soi, c’est-à-dire voir qui l’on est vraiment dans ce qu’il y a de plus beau mais aussi ce qu’il y a de plus sombre ; dans nos forces mais aussi nos plus grandes faiblesse, que peut se créer l’intimité. Autrement on crée un lien superficiel, de convenance, parce qu’il nous rassure à un moment T de notre vie, mais qui sur du long terme nous rendra insatisfait car penser qu’un autre peut nous rendre heureux est faux. L’autre peut nous donner l’illusion de l’être mais comme tout, un jour ou l’autre le voile tombera et il sera temps d’encaisser la réalité de ce qui a été créé par nos soins.

De dépendant à vivant

Je dédie ma vie à l’accompagnement des autres, c’est ce que mon âme a choisi et ce qui me fait profondément vibrer.

Je crois si fort en l’Etre humain, et mon métier me donne la chance d’être aux premières loges de bien des chamboulements heureux de vie. Ma mission est de vous amener à vous réapproprier votre beauté d’être, votre autonomie, votre étincelle de vie.

Pour vous oui, pour vivre un chemin heureux, comprendre qu’une autre voie est possible que celle de la souffrance et de la difficulté. Mais aussi voire surtout pour votre âme, car ce qui n’est pas réglé en cette incarnation devra l’être à la suivante. Alors, ne serait-il pas temps d’arrêter de remettre à plus tard ?

La dépendance affective vous prive de votre pouvoir créateur, de votre identité. C’est comme si émotionnellement vous étiez resté au stade d’un bébé, qui attend de ses parents qu’ils comblent tous ses besoins. Mais à force d’attendre, on oublie de vivre et l’âme n’évolue plus.

C’est sur l’estime de soi qu’il est nécessaire que vous travailliez. Parce que lorsque vous aurez appris à vous considérer comme un être unique, digne, méritant, vous n’aurez plus besoin de donner à qui que ce soit l’opportunité de vous détruire, de vous apporter ou non la bouffée d’oxygène qui vous donne l’impression d’être vivant.

Jusqu’où êtes-vous prêt à aller dans le déni de soi pour avoir l’impression d’être aimé, regardé ?

Votre valeur ne dépend pas de ce que vous faites ou de ce que vous sacrifiez. Vous pouvez être aimé pour qui vous êtes, sans avoir rien d’autre à faire qu’être vous, d’exister.

Vous avez l’impression de ne servir à rien ? Ca tombe bien, vous n’êtes pas un objet et n’avez donc pas à avoir une quelconque « utilité ». Dans tous les cas, votre présence prouve que l’Univers avait besoin de vous, donc votre valeur est de facto inestimable.

Je ne vais pas vous dire que guérir de la dépendance affective est facile. Je ne vais pas non plus vous dire qu’il vous suffit d’apprendre à vous aimer, même si c’est évidemment lorsque vous aurez trouvé cet amour en vous que vous serez guéri. Mais le conseil le plus utile que je puisse vous donner aujourd’hui pour avancer, est d’apprendre à faire connaissance avec vous.

Ce peut être votre premier pas vers la guérison : laissez vos émotions s’exprimer et écoutez-les ; observez comment vous réagissez dans telle ou telle situation ; faites une liste des comportements humains qui vous font du mal ; repensez à votre enfance, vos liens avec vos parents, voyez ce qui est douloureux. Faites un état des lieux de vos goûts, de vos envies, de ce qui vous procure de la joie quand vous êtes seul. Pensez à vos talents, même ceux que vous dédaignez (que faites-vous bien ? de quoi êtes-vous fier ?).

Tout ceci dans le but que vous puissiez petit-à-petit vous apprivoiser, vous comprendre. Et ensuite vous parviendrez à vous respecter. Puis à vous faire plaisir. Et un jour enfin, à reconnaître que vous valez mieux que de courir après l’amour, parce que vous le méritez, c’est votre droit de naissance, et vous pourrez attirer à vous des personnes qui vibreront ainsi, et vous aimeront naturellement, pour ce que vous êtes, dans TOUT ce que vous êtes.