Accepter de ne pas être compris

Accepter de ne pas être compris

On perd beaucoup de temps à essayer de convaincre les autres, alors qu’accepter de ne pas être d’accord est souvent la clé d’une relation épanouie.


Le problème le plus fréquent dans la communication est que l’on ne parvient pas à intégrer le fait que l’autre et nous-même n’évoluons pas dans la même réalité.

Nous sommes tous semblables en notre qualité d’Etres Humains. Quelle que soit notre couleur de peau, notre sexe ou notre apparence physique, nous sommes tous les mêmes. Ce qui nous distingue des autres est notre personnalité, qui est conditionnée par le pays dans lequel on vit, la manière dont on a été élevé et les épreuves que nous rencontrons tout au long de notre vie.

Ces critères sont extrêmement importants car ce sont eux qui déterminent notre manière de voir le monde, de réagir, nos opinions et notre sensibilité. C’est bien pour cela que certaines choses paraissent terribles pour quelques personnes et beaucoup moins pour d’autres, ou que face à la même peinture ou le même paysage on ne décrira pas les mêmes éléments que notre voisin.

Une fois compris cela, il devient clair que l’on réagit en fonction de notre bagage émotionnel, de nos croyances et de notre personnalité.

Il n’y a pas qu’une seule réalité, il en existe autant que d’êtres humains.

Ma réalité correspond à ma manière d’envisager, de percevoir et de ressentir les choses. Cela correspond aussi à ce qui m’est acceptable, compréhensible et que je considère comme normal, de ce qui ne l’est pas.

Pour vous donner un exemple personnel illustrant cela, lorsque j’ai découvert l’Indonésie je ne comprenais pas pourquoi les gens se permettaient d’entrer chez moi sans aucune autorisation, que ce soit le jardinier, le voisin ou n’importe qui d’autre d’ailleurs, parfois allant même jusqu’à s’installer confortablement dans mon salon. Cela ne me semblait pas normal et devenait quelque peu compliqué surtout lorsque j’effectuais mes soins. Je considérais ça comme un manque d’éducation.

Or, en étant immergée dans leur culture, j’ai réalisé qu’effectivement dans ma réalité d’occidentale on ne se permet pas d’entrer chez une personne sans y avoir été invité, mais qu’ici les gens sont habitués à vivre en communauté et que l’intimité est donc une chose que peu de personnes connaissent. La plupart des balinais vivent en famille au sens large (grands-parents, parents, enfants, petits-enfants…), partagent la même chambre, vont les uns-chez-les-autres sans avoir besoin d’une invitation formelle, donc dans leur réalité à eux entrer chez moi sans frapper ne signifie pas porter atteinte à mon intimité, c’est tout-à-fait naturel.

Ainsi deux choix s’offraient à moi, ou je m’insurgeais contre eux et me disputais avec toutes les personnes qui entraient chez moi, ou je choisissais d’ouvrir un peu plus grand mon coeur, de les accepter avec cette différence culturelle sans tenter de leur faire admettre la mienne qu’ils ne comprendraient pas, et je cherchais une solution me permettant de ne pas sursauter à chaque fois que je trouvais une personne dans mon jardin. J’ai donc tout simplement acheté un cadenas que je mets lorsque je suis chez moi et que je ne souhaite pas être dérangée, ainsi d’un côté mon désir d’intimité est respecté et de l’autre je ne froisse personne.

Ce qu’il s’est passé dans cette situation personnelle est ce qu’il se passe en général dans la plupart des conflits qui nous opposent à d’autres personnes, c’est-à-dire la confrontation de réalités différentes.

Pourquoi des réalités différentes peuvent-elles mener à un conflit ?

Ce qui fait dégénérer une situation n’est pas la différence en elle-même, c’est le fait d’essayer de rallier l’autre à notre vision des choses.

La personne qui se trouve en face de vous n’a pas les mêmes repères que vous, ni la même construction émotionnelle, ni les mêmes attentes. Ce qu’elle va vous exprimer ou la manière dont elle va se comporter est la résultante de sa personnalité et des valeurs qui y sont rattachées.

Ainsi, et quelle que soit la virulence avec laquelle vous tenterez de la convaincre du bien-fondé de votre raisonnement, si elle ne peut le rattacher à aucune valeur ni situation lui étant familière, elle ne pourra pas le comprendre.

Cela ne signifie pas qu’elle a tort ou que vous avez raison, ni que l’un d’entre vous est plus bête que l’autre, mais que vous avez tous les deux raison par rapport à vos réalités respectives.

Alors que faire ?

La seule solution est l’acceptation. Je ne parle pas d’accepter et prendre pour vôtre le point de vue de votre interlocuteur, mais d’accepter le fait que vous ne tomberez pas d’accord sur ce point.

C’est très compliqué à faire puisque l’égo, qui est dans le besoin de pouvoir et de domination, nous pousse à essayer de convaincre l’autre pour qu’il admette que notre façon de penser est la bonne, mais cela ne mènera à rien si ce n’est à une impasse qui finira dans la colère, l’agacement ou la frustration.

Il est inutile de tenter de changer l’autre, et d’ailleurs vous ne le pourriez pas. Il est tout aussi inutile d’essayer de prouver à l’autre que vous avez raison, car vous ne pourrez pas lui faire admettre une chose qui ne résonne pas avec la réalité de son être. On a tendance à penser que l’autre se fout de nous parce qu’il ne comprend pas ce qu’on lui dit, alors que c’est simplement qu’il ne peut pas le comprendre par rapport à ses repères, tout comme vous ne pourrez pas le comprendre sur d’autres sujets.

Alors lâchez prise….

On ne nous apprend pas à terminer une discussion qui tourne en rond en disant « je ne comprends pas ton point de vue parce que ce n’est pas la manière dont moi je raisonne mais je le respecte et j’accepte le fait que nous ne tomberons probablement jamais d’accord ».

A la place, on nous apprend juste l’acharnement, le forcing, l’adhésion à l’opinion du plus grand nombre, alors qu’il est normal d’avoir des opinions qui ne ressemblent en rien à celles des autres car notre vie ne ressemble à aucune autre.

La prochaine fois que vous aurez le sentiment que la personne qui est en face de vous ne vous comprend pas, acceptez que la situation reste comme ça.

Se libérer de la volonté absolue de tomber d’accord ou d’essayer de convaincre l’autre, c’est s’épargner de l’énergie, du temps, et préserver les liens avec les personnes qui nous sont chères.


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